Rocco nous avait prévenu. L'ennemi invisible et puissant était bien là. Le grand Bissexte rôdait, mais il était petit et virulent.
Habituellement, les particularités du 29 février—coincé entre deux zones de vacances scolaires— bénéficiaient d'une large exposition médiatique dans une actualité assoupie. Entre les reportages ineptes ("je suis né un 29 février et ma vie administrative est un enfer", "je ne sais jamais quand fêter mon anniversaire") et les explications scientifico-historiques confuses de cette bizarrerie calendaire, notre mouvement avait trouvé sa place dans une presse avide d'angles originaux.
Mais cette fois-ci, rien, ou presque. Un article dans Moneyvox, deux mentions dans la Voix du Nord les 4 janvier et 24 février, et c'est tout (et encore, ce dernier article réduit le ML29/02 à un sous-groupe facebook de natifs du bissexte).
Pourquoi un tel fiasco ? Une opinion fatiguée par les grèves incessantes ? Un 29-02 férié pas au top des priorités ? Un 49-3 dégainé par le gouvernement le jour J ? Peut-être… Mais surtout, la faute à un coronavirus qui a provoqué une débandade généralisée. Des militants ont été mis en quarantaine par des entrepreneurs opportunistes et déloyaux, d'autres ont appliqué un principe de précaution. Résultat : la manifestation parisienne initiée par la H Gallery a été annulée, et le congrès quadriannuel du Mouvement a été réduit à peau de chagrin. L'interdiction de dépasser la jauge des 5000 participants nous a été fatale.
De mémoire de participants, jamais on avait vu congrès aussi houleux. Profitant de l'absence du gros des troupes, des factions ont noyauté le politburo, et ont obtenu la démission du Lider Minimo. Mais dans un sursaut légitimiste, d'héroïques militants de la première heures se sont levés. Ils ont renversé l'opinion par des discours vibrants. Le Lider a été réélu par acclamations pour un nouveau mandat de 10 bissextes, et les séditieux ont été bannis. Tout est bien qui fini bien, ou presque, puisqu'on continuera malheureusement de bosser le 29.
Hasta la victoria siempre, et à dans 4 ans pour de nouveaux combats (si on résiste au coronavirus et au réchauffement climatique).
Merci à Vincent Burgeon pour son illustration fort à propos.